2S2C: C’EST NON !
Cette lettre du SNADEM devait partir hier soir. Mais quoi de mieux pour vous informer que d’attendre les nouvelles fraîches de Mr le Président de la République.
Nous sommes au lendemain de cette allocution tant attendue, et si nous savons que tous les élèves doivent être accueillis dans les écoles dès lundi prochain et que le protocole sanitaire sera allégé, nous ne savons pas pour autant par qui les élèves seront vraiment accueillis. Mais quelque chose nous dit que ce ne sera pas forcément que par les enseignants…
Mr Blanquer a reçu les organisations syndicales aujourd’hui. Il renouvelé son désir de poursuivre la « dynamique » du dispositif des 2S2C qui permettra aussi d’arriver à l’objectif affiché d’accueillir tous les élèves. Il a rappelé l’importance du lien avec les collectivités territoriales que ce soit pour la remise en route de la restauration scolaire, le nettoyage des locaux ou encore le périscolaire dans le nouveau cadre sanitaire qui se profile.
Il en présentera les nouvelles directives demain.
En attendant, sachez que le Comité technique de la DASCO (CT DASCO) s’est tenu jeudi après-midi.
Au menu, figurait pour avis le dispositif Sport, Santé, Culture, Civisme, « 2S2C ».
Faisant suite à la déclaration liminaire de l’UNSA, Patrick Bloche, président du CT et adjoint à la Maire, a pour sa part exprimé ses fortes réserves vis-à-vis du projet imposé dans l’urgence par le ministre de l’Education nationale.
La présentation du dispositif avec sa mise en place dans les écoles parisiennes par Madame Delpal, directrice des affaires scolaires, en a reprécisé le cadre :
/Sur le temps scolaire/ Dans les établissements scolaires ou d’autres structures/ intervenants extérieurs ou Ville de Paris, ces derniers recrutés sur la base du volontariat/ paiement à la vacation (12,70 euros bruts de l’heure) par journée ou demi-journée/ pour des activités ludiques ou éducatives.
Cela n’a convaincu aucun des membres du CT, tous métiers confondus.
Le SNADEM a souligné pour sa part ses inquiétudes et son refus de souscrire à ce dispositif instauré dans la précipitation et sans concertation, certes officiellement mis en place pour permettre le retour à l’école des enfants qui ne sont pas encore rescolarisés après le confinement, mais porteur pour l’avenir de graves changements pour le corps des PVP et pour l’ÉCOLE en général.
Qu’il s’agisse des PVP, des animateurs, des ATE, ASEM, ATEE, tant sur le timing, les modalités d’organisation, et les charges de travail qu’elle suppose, sans parler des dangers qu’elle porte en germe, cette mesure n’a recueilli que critiques et inquiétudes de la part de l’ensemble des agents de la DASCO.
Si l’actuelle convention n’est censée concerner pour l’heure que les dernières semaines de l’année scolaire et prend effet du 15 juin jusqu’au 4 juillet, un message clair a été envoyé à nos interlocuteurs : Notre ferme opposition à toute reconduction de ce dispositif à la rentrée prochaine.
Nous nous réjouissons que ce projet n’ait recueilli que ce qu’il méritait de la part de toutes les organisations syndicales présentes :
un vote défavorable à l’unanimité !
Accepter aujourd’hui ce cheval de Troie, ce que l’on croit être un “cadeau” au bénéfice des élèves (et/ou des parents), c’est prendre le risque, si le 2S2C perdurait, d’une grave transformation de l’École. La disparition de l’EPS, de l’Éducation musicale et des Arts plastiques en tant que disciplines du socle commun dans le premier et le second degré mettrait à mal le principe d’égalité sur tout le territoire. Il menace de fait les missions des corps de professeurs qui les enseignent, et parmi eux, des PVP.
Au passage, dans le premier degré, disparaît ainsi la possibilité du regard, essentiel pour tout enseignant, sur la formation globale de l’élève. Concernant la Ville de Paris, cette importante dimension est garantie par la collaboration entre professeurs des écoles et PVP et précisée par l’indispensable circulaire Molle-Jardin.
Il est donc important de relayer auprès de vos équipes les raisons pour lesquelles la mise en place du 2S2C représente un danger et de ne pas participer à ce dispositif.
Nous proposons ci-dessous un kit rassemblant les principaux points négatifs de cette mesure.
KIT ARGUMENTAIRE CRITIQUE CONTRE LE 2S2C (non exhaustif) :
1- Sur le temps scolaire :
Tandis que les PE ne se chargeront plus que des enseignements fondamentaux :
“En école élémentaire, il est recommandé, pour une journée type de 6h, de consacrer :
– en CP, CE1 et CE2 2h30 aux enseignements de français et 1h30 pour les mathématiques ;
– en CM1 et CM2, ces volumes recommandés sont respectivement d’au moins 2h et 1h30.” (BO N°23 du 4 juin 2020)
Le 2S2C remplacerait les enseignements EPS, Culture, Civisme voire d’autres enseignements.
2- Quel avenir pour les autres disciplines ?
Quid d’une future réécriture des programmes et de la disparition de certaines disciplines “moins fondamentales” du point de vue du ministre. Les disciplines fondamentales : lire, écrire compter, respecter autrui, demeureraient les seules prises en charge par l’éducation Nationale. Les autres partenaires : municipalités, associations, clubs divers assurent la pratique du sport, de la culture, du civisme. Quel serait alors le statut des PVP ?
3- Activités ludiques et/ou éducatives :
Il ne s’agit plus d’enseignements mais d’activités. La dimension Éducation Nationale avec la construction des savoirs, la programmation, le traitement didactique et pédagogique de chaque discipline, le suivi et l’évaluation des compétences et des élèves disparaît du LSU.
4- Intervenants divers issus de différents “partenariats” :
En lieu et place des enseignants formés (BAC+5), alors que le statut des PVP garantit la qualité des missions d’enseignement qu’ils exercent dans les écoles.
5- Sélection de domaines (sport, santé, culture, civisme) par les équipes en fonction des « besoins » : 1ère source d’inégalité.
Certains domaines et modules étant écartés par les équipes, ils ne donneront pas lieu à des « activités » alors que les enseignements s’adressent à tous les élèves.
6- Dans des salles disponibles dans les établissements ou des structures de proximité : 2ème source inégalité.
Inégalité territoriale. Selon les écoles, les arrondissements et le territoire national (limitation des possibilités, des espaces disponibles, variété de l’offre…). Augmentation de la charge de travail des personnels d’entretien.
7- Libre choix des parents d’inscrire leurs enfants aux activités : 3ème source d’inégalité.
Chaque élève d’une même école ne pourrait alors bénéficier que d’un ou deux modules, voire aucun, si les parents le décident alors que les mêmes enseignements doivent s’adresser à tous les élèves, sur tout le territoire au travers des programmes nationaux. Le fondement même de l’école de la République s’écroule. Le « socle commun de connaissances, de compétences et de culture »* dont la progression et les modalités doivent être mis en œuvre par les enseignants n’aura plus rien de “commun”.
*(Décret n° 2015-372 du 31 mars 2015 relatif au socle commun de connaissances, de compétences et de culture (JO du 2-4-2015 ; BOEN n°17 du 23-4-2015).
8- Pour conclure : Confusion des genres et des temps… :
Activités vs Enseignements, Enseignants vs intervenants, temps scolaire vs périscolaire ou parascolaire, dans l’école vs en dehors de l’école, école de la République vs école à la carte ?
Le 2S2C l’avenir de l’école ? Une crainte, la Pérennisation !
Un peu de lecture pour commencer la semaine :
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/05/20052020Article637255544726022019.aspx
https://blogs.mediapart.fr/jadran-svrdlin/blog/200520/2s2c-et-equides-en-bois
https://www.snuipp.fr/actualites/posts/2s2c-vers-la-fin-de-l-ecole-commune
https://www.sgen-cfdt.fr/actu/dispositif-2s2c-comment-reussir-a-mettre-tout-le-monde-en-colere/
