« Le dispositif 2S2C (Sport, Santé, Culture, Civisme) s’inscrit dans le cadre national d’accueil de la réouverture des écoles depuis le 14 mai, dont il est l’une des quatre modalités. Il a vocation à être mis en place dès cette fin d’année scolaire avec la collectivité et/ou des structure ou associations partenaires de l’École.
Ce dispositif est mis en place pendant le temps scolaire, par journée ou demi-journée, en complément des enseignements conduits par les professeurs des écoles […]
Les 2S2C visent à permettre aux équipes de confier aux agents territoriaux ou à d’autres partenaires la responsabilité d’activités organisées dans les domaines du sport, de la santé, de la culture et du civisme. Ces interventions revêtent une dimension essentiellement éducative dans le prolongement des apprentissages et en complémentarité avec l’enseignement ».
Ainsi commence la note du DASEN adjoint pour le 1er degré de l’Académie de Paris, envoyée aux directeurs d’établissements en fin de semaine dernière afin d’ouvrir l’école à davantage d’élèves, tout en conservant tout ou partie du protocole sanitaire mis en place au moment de la réouverture des écoles, jusqu’à nouvel ordre.
On peut croiser cette démarche avec l’injonction du retour aux fondamentaux, et l’enseignement du Français et des Mathématiques, figurant au BOEN N°23 du 4 juin 2020.
Le Coronavirus a bon dos: En instaurant le 2S2C après le long confinement lié au Covid-19, le ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer, ne se contente pas seulement d’impulser un retour généralisé des élèves dans les écoles, permettant ainsi à leurs parents de retrouver le chemin du travail. Ce faisant, il lance une véritable bombe à retardement dans le paysage scolaire français, et à dessein : début Février, une transformation radicale des rythmes scolaires pour les écoles et les collèges se dessinait déjà dans l’esprit du ministre de l’Éducation Nationale et de la Ministre des Sports, auquel est venu s’adjoindre après coup celui de la Culture pour justement « intégrer la dimension culturelle ».
Avec la nécessité de réouverture après l’épidémie de Covid-19, l’objectif ministériel de transformation de l’École trouve une occasion inespérée de se réaliser et toute une démarche de refonte des rythmes peut être préfigurée…Mais dans l’urgence !
Différents partenariats sur le mode éducatif sont sollicités et listés dans ce cadre : Avec les municipalités, bien sûr, diverses structures sportives (USEP) et culturelles (conservatoires, Musées, bibliothèques), clubs et, associations censés de préférence accueillir des groupes dans d’autres locaux que ceux des écoles car, comme chacun sait, il n’y a pas tant de place disponible en temps scolaire.
Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Dès le 15 juin, on change de paradigme et la porte des écoles peut s’ouvrir toute grande à des cohortes d’intervenants de tous poils sur le temps scolaire, du moment qu’ils répondent au cahier des charges du 2S2C et à condition d’être estampillés en bonne et due forme par les IEN.
Le dispositif est proposé pour de « bonnes raisons » aux directeurs, directrices et chefs d’établissement dans le cadre du retour des élèves à l’école, charge à eux de renseigner les formulaires en fonction des besoins et des demandes des équipes et d’organiser les groupes d’élèves établis sur la base du volontariat des familles, les parents inscrivant ensuite leurs enfants à ces modules gratuits avant de retourner travailler l’esprit tranquille.
Que se passe-t-il à Paris ?
Un certain nombre de conventions Éducation Nationale / collectivités locales ont déjà été signées. Pour la DASCO et la Ville de Paris, ce sera dans les jours qui viennent, sans vraie concertation préalable mais un avis demandé aux organisations syndicales lors du CT du 11 juin. Le nôtre ne pourra être que défavorable.
La Ville, pour prendre pied dans le 2S2C, a fait valoir son « vivier de professeurs de la Ville de Paris » “vivier de professeurs de la Ville de Paris” et l’intervention des animateurs du périscolaire sur le temps scolaire, à la demande des équipes de PE, les mardi et vendredi après-midi, un glissement opéré pour permettre aux PE d’enseigner à distance. Ces animateurs savent déjà qu’ils passeront officiellement au 2S2C dès le 15 juin prochain, sur la base du volontariat, comme pour l’ensemble des personnels de la Ville de paris intéressés.
Concernant la participation des PVP, qui reste totalement floue, ceux-ci exercent statutairement leurs missions sur le temps scolaire, certes, mais en tant qu’enseignants, là où le 2S2C, propose des « activités à dimension essentiellement éducative ». Le temps de service des PVP, dédié à l’enseignement de leurs disciplines, ne peut donc être inclus dans le 2S2C sans dévoyer leurs missions.
Alors, sur quelle base seraient-ils sollicités ? Des heures supplémentaires ? Du cumul d’emploi ? En tant qu’enseignants mais pour faire du périscolaire sur le temps scolaire ???!!!!
Une nouvelle fois, le SNADEM refuse cette éventualité. Nos missions doivent rester sur un temps scolaire dédié exclusivement à l’enseignement.
Vers une déconstruction des programmes et des enseignements du socle commun ?
Valides jusqu’au 4 juillet, ces conventions risquent de se renouveler à la rentrée prochaine. Ce qui est inquiétant : en les signant, prétendument pour la bonne cause, ne favorise-t-on pas le transfert des enseignements d’EPS et d’éducation artistique exercés par des professeurs recrutés par concours à un niveau Bac+5, actuellement offerts à tous les élèves sur tout le territoire dans le cadre du socle commun, aux 2S2C, dans un cadre d’activités éducatives non obligatoires ?
Il est bien dangereux d’encourager JM BLANQUER, même a minima, dans sa tentation de faire sortir ces enseignements du socle commun dans un avenir proche, instaurant de fait l’inégalité entre élèves, (volontariat ou non des parents), et entre territoires (proximité, qualité et diversité de l’offre) en ne conservant que les enseignements dits fondamentaux : Lire, écrire, compter, respecter autrui ?
Dans le second degré, nos collègues enseignants en EPS et Éducation artistique sont en état d’alerte. Au passage, en effet, avec la suppression de leurs enseignements, que deviendront des enseignants qui les assurent ?
Vous l’aurez compris, le SNADEM ne peut que dénoncer ce dispositif et s’opposer fermement à sa mise en place même sous forme de volontariat. Il en va de l’avenir de notre corps et de nos missions d’enseignants. Nous vous encourageons lors des prochains conseils des maîtres à dénoncer ce dispositif et sensibiliser vos équipes (direction et professeurs des écoles) au risque de s’y associer.