Préavis de grève PVP contre la mise en place de l’enseignement massé de la natation

ENSEIGNEMENT MASSÉ DE LA NATATION :
PIÈGE EN EAUX TROUBLES
À l’aube de cette nouvelle année scolaire, nous souhaitons vous alerter sur une situation préoccupante concernant l’organisation de l’enseignement de la natation dans nos écoles.
Depuis plusieurs années, l’apprentissage de la natation est une priorité de l’Éducation nationale, notamment pour les élèves de CP, CM1 et CM2. Jusqu’à présent, cet enseignement s’organisait de manière équilibrée et progressive, à raison d’une séance par semaine tout au long d’un trimestre. Ce modèle dit « distribué » permet aux enfants de progresser régulièrement, dans un cadre sécurisé et structuré.
Or, depuis quelques années, un nouveau dispositif dit « massé » est imposé dans certaines piscines, sans concertation avec les équipes pédagogiques de terrain. Il consiste à concentrer les séances de natation sur une très courte période (par exemple, 1 séance par jour pendant 10 jours ou 2 séances hebdomadaires pendant 5 ou 6 semaines). Cette organisation, bien que présentée comme innovante, n’a pas fait l’objet d’une évaluation scientifique démontrant une meilleure efficacité. Elle n’a pas été imposée non plus par le ministère.
Ce changement brutal soulève plusieurs inquiétudes majeures :
Désorganisation des équipes éducatives : ce dispositif bouleverse l’emploi du temps des élèves et celui de tous les professeurs de la Ville de Paris (PVP), et particulièrement ceux qui assurent l’enseignement de l’EPS. Le temps global consacré à l’éducation physique et sportive par l’enseignant spécialisé est réduit, ce qui pénalise directement nos élèves.
Absence de concertation : nous n’avons pas été consultés, alors que nous sommes en première ligne pour mettre en œuvre ces changements.
Absence de considération : mépris du travail et du statut de PVP de la part du comité de pilotage du dispositif de l’enseignement massé à l’Éducation nationale
Manque d’harmonisation : sur les cinq piscines concernées, aucune ne suit le même modèle d’organisation pédagogique. Cette disparité entraîne des directives contradictoires entre l’Éducation nationale et la Dasco plaçant les collègues dans une situation ubuesque.
Déséquilibre du suivi : le turn-over des ESAN (éducateurs sportifs des activités de la natation) en charge de l’enseignement et leur affectation par demi-journée uniquement, empêche le suivi indispensable de tous les élèves et impacte la stabilité de l’équipe pédagogique.
Non respect de la parité sur certains bassins : En effet, DJS, DASCO et EN n’ont pas su construire des plannings permettant le respect systématique de la parité sur les bassins.
Décalage des affectations avec la réalité : Pour tenter d’obtenir cette parité, la DASCO n’a envoyé, que le 4 juillet, une note de service aux PVP exerçant sur ces bassins. À partir de cette rentrée, les PVP ne suivront que leurs élèves à la piscine. Une fois l’enseignement massé terminé et les classes concernées passées, ils retourneront dans leurs écoles. Ils n’auront plus de “natation” à l’emploi du temps, comme le stipulait leur affectation annuelle. Les 3h initiales seront alors réaffectées à la pratique de l’EPS pour leur école.
Répercussions inquiétantes sur nos conditions de travail : Si la note de service semble plus ou moins claire pour cette année, elle ouvre cependant une situation inédite. La DASCO pourrait être tentée d’utiliser ces heures pour combler des écoles non pourvues avec pour effet de disperser nos lieux d’intervention et de multiplier le nombre d’équipes avec lesquelles nous devons bien sûr co-construire les enseignements.
Pour y faire face, nous avons sollicité une réunion en urgence pour obtenir des réponses claires et des garanties sur l’organisation de la natation scolaire. Celle-ci s’est tenue ce jeudi après-midi en présence de Madame Corbes, de Monsieur Chapelière, de plusieurs PVP EPS représentant les piscines concernées et de la sous-direction des ressources humaines.
Le SNADEM a exposé les revendications suivantes :
Suspension de l’enseignement “massé” tel qu’il est organisé actuellement
Proposition alternative d’un enseignement massé jusqu’au CP dédié uniquement à l’aisance aquatique et un retour à l’enseignement distribué au cycle 3.
Limitation de l’expérimentation à 5 bassins
Uniformisation et respect des outils d‘évaluations diagnostiques et finales sur chaque bassin permettant ainsi un “réel” bilan chiffré de cette expérimentation sur les progrès des élèves.
Respect scrupuleux du protocole PVP/ESAN (2002) de la parité sur les bassins
Réunion de la commission tripartite trimestriellement.
Formation à “l’aisance aquatique” pour tous les PVP EPS concernés par ce dispositif avant leur mise en place
Création d’un poste de coordinateur.trice de la natation et du dispositif “massé” à la DASCO
Ouverture du nombre de postes à hauteur des besoins pour le concours EPS 2026
Rédaction d’un protocole d’accord garantissant, aux PVP, la protection de leur affectation. En effet, les heures dévolues à l’enseignement “massé” de la natation doivent être exclusivement rendues à l’école concernée par le dispositif et ne peuvent entraîner de modification de poste pendant toute la durée de l’expérimentation.
Bilan du dispositif global et de son impact sur les conditions de travail des agents.
Concertation préalable et systématique dans tous les projets de réorganisation impactant les conditions de travail des PVP
Nous attendons maintenant des réponses rapides de la ville.
Si nous ne sommes pas opposés à l’innovation, changer pour changer, sans préparation et concertation, n’est ni professionnel ni responsable. Cela traduit un manque de respect pour l’engagement des agents sur le terrain. Nos élèves méritent un enseignement de qualité, organisé avec sérieux, transparence, et cela commence par la considération du travail des PVP.
Nous vous appelons à relayer ces problématiques auprès des représentants des parents d’élèves
Le SNADEM a déposé un préavis de grève dont vous trouverez copie en cliquant sur ce lien. Nous vous tiendrons informés des suites que nous donnerons à ce préavis.
Ensemble, faisons entendre notre voix pour une rentrée apaisée et respectueuse des besoins de toutes et tous. Nous comptons sur vous.
Le SNADEM